Caserne no 3

Appelée à l’origine « Station de feu n^o 3 », cette caserne sera construite de 1911 à 1912. Elle est l’aboutissement de longues années de tergiversation de la Ville pourtant confrontée à des incendies récurrents sur son territoire. Jusqu’en 1869, Hull dépendait essentiellement des pompes à incendie d’Ottawa. En 1808, le premier grand incendie de Hull rase les moulins, les tanneries et les autres installations manufacturières construites depuis 1803 par le pionnier Philemon Wright et ses fils. Mais les incendies les plus dévastateurs ont lieu entre 1880 et 1906. En 1869, la Ville achète une pompe à incendie et recrute deux corps de pompiers volontaires qui peinent à venir à bout des petits incendies qui éclatent régulièrement en ville. En 1886, la construction d’une station de pompage laisse croire à une solution, mais les tuyaux trop petits n’offrent pas une pression suffisante pour être efficaces. L’incendie du quartier Laurier, en 1888, met en évidence le peu d’efficacité des brigades du feu malgré leur équipement moderne. L’année suivante, une première caserne de pompiers est construite rue Leduc, mais ni elle ni les pompes à incendie de la compagnie E. B. Eddy ne réussiront à contenir le gigantesque incendie d’avril 1900 qui va détruire une bonne partie de la ville de Hull et sauter la rivière pour poursuivre ses ravages à Ottawa. Aussi, 3 200 bâtiments seront réduits à l’état de ruines, mais on ne comptera que six morts. Ce grand incendie sera suivi d’autres incendies de moindre importance jusqu’à ce que le conseil municipal décide de l’achat d’une nouvelle pompe à vapeur nommée Colonel J.-E. Gravelle en l’honneur du conseiller municipal Joseph Gravelle qui a œuvré pendant des années pour convaincre ses pairs de la nécessité de la dépense. Un règlement municipal sur les incendies et les services d’incendie est promulgué et la construction de deux nouvelles casernes décidée.

Les deux casernes de pompiers sont destinées aux quartiers Val-Tétreau et Laurier et elles seront construites au cours de la même période sous la direction de l’architecte hullois Charles Brodeur. Elles vont posséder le même équipement : des fourgons à tuyaux, des traîneaux, deux voitures d’été et deux voitures d’hiver à échelle et deux fourgons simples, tous tirés par des chevaux. La caserne n^o 3 est alors une bâtisse en briques de deux étages munie de grandes ouvertures en façade et d’une tour de séchage de tuyaux. Sa façade est décorée d’une corniche avec frise, d’un fronton historié et d’un bandeau décoratif au-dessus de grandes portes.

Lorsque la Ville de Hull regroupe les services d’incendie dans une nouvelle caserne centrale sur la rue Leduc, la caserne est vendue à un particulier qui revend le bâtiment la même année, en 1963, à un prêtre de la communauté portugaise, Alberto Cuhna. Celui-ci va en faire un lieu d’activité pour les jeunes avant de devoir le revendre en 1976 à la Caisse populaire de Hull. La bâtisse va ensuite passer entre les mains d’un autre investisseur qui en fera deux ans plus tard des bureaux et revendra à son tour l’édifice en 1987. La caserne no 3 est depuis une résidence privée. Elle est la seule caserne à subsister dans le secteur de Hull et à offrir un témoignage tangible de la période des grands incendies. La bâtisse est citée.